Prenons l’exemple d’un salarié rémunéré à 1 200 euros nets (1).
Il faut toutefois tempérer cette inquiétude, et ce pour plusieurs raisons :
1. La fin du RSI ne signifie pas la fin du statut de TNS.
Cette arrivée du RSI a toujours été une interface entre ces 3 caisses et le TNS. Des conflits entre ces caisses et le RSI ont générés nombre de dysfonctionnements qui au fil du temps se sont atténués sans jamais disparaître.
La fin du RSI, à ce titre, signifie la fin d’un mode opératoire qui donnera naissance à un autre. Souhaitons simplement que cela simplifiera la gestion des litiges tout en préservant les avancées apportées par ce guichet unique.
2. Les chefs d’entreprise choisissent déjà de rejoindre des Travailleurs Salariés.
De nombreux chefs d’entreprise ont donc opté et optent toujours pour un statut de président de SAS, soit pour limiter leurs charges, soit pour sortir des soucis liés au RSI.
Dans tous les cas, ces chefs d’entreprise payent les charges équivalentes à celles d’un salarié et se retrouvent pour un salaire net de 1 200 € à un coût total de 2 201 €.
Il n’y a donc a priori pas de péril en la demeure puisque si certains vivent déjà la fin du RSI, ou même ne l’ont jamais connu, pourquoi d’autres devraient craindre la fin de leur exploitation ou des difficultés que leurs confrères ne rencontrent ni plus ou ni moins qu’eux.
3. La couverture sociale dépend du niveau des cotisations.
Pour pallier à cette différence, les chefs d’entreprises qui le souhaitent (et le peuvent) payent une caisse complémentaire leur versant tout ou partie du différentiel. Le passage au régime des salariés les dispenserait du versement à ces caisses complémentaires. Il en est de même pour les droits à la retraite. On peut supposer pour ceux payant ces régimes complémentaires que la différence serait minime.
Plus de cotisations pour plus de droits ou moins de cotisations et moins de couverture sociale.
Dans tous les cas, c’est un choix entre plus de cotisations pour plus de droits ou moins de cotisations et moins de couverture sociale. On le voit, la fin du RSI n’est pas la fin du statut de TNS et n’est donc pas le signe d’une augmentation sensible des cotisations sans contrepartie. Alors pourquoi tant de craintes et d’angoisse ? La réponse est ailleurs.
La crainte des chefs d’entreprises est souvent le reflet de leur capacité à faire face à leurs charges. Comment, lorsque l’on travaille largement plus de 35 heures par semaines, que l’on peine à équilibrer ses comptes, que les prix et les marges se dégradent imaginer que l’on sera capable de faire face à des dépenses supplémentaires fussent-elles dans l’intérêt d’une meilleure couverture sociale ? Cette levée de bouclier n’est que le reflet de la difficulté qu’ont les chefs d’entreprise à maintenir leurs marges et à contrôler leurs bénéfices. C’est d’autant plus dommageable que la plupart d’entre-eux ne sont dotés d’aucun outil facilitant leur gestion. Seuls 10% des entreprises ont un tableau de bord, cela signifie que 90% n’en ont pas.
Bien sûr, le tableau de bord n’est pas la solution miracle, c’est simplement le reflet d’un mode de fonctionnement du dirigeant qui « préfère » s’arc-bouter sur des potentiels incidences extérieures sans jamais prendre le temps d’analyser ce qu’il pourrait faire pour améliorer sa performance économique et faire face à ses échéances. Aujourd’hui, force est de constater que de trop nombreux chefs d’entreprise :
– n’ont pas la connaissance de la structure des coûts dans leur entreprise,
– qu’ils ne calculent pas les limites basses d’un marché utile à leur entreprise,
– ne font aucun prévisionnel d’activité,
– prennent des marchés qu’ils pensent rentables sans qu’ils le soient,
– perdent des marchés qu’ils pensent déficitaires alors qu’ils ne le sont pas,
– n’ont aucun outils d’aides à la décision et se fient à leur instinct,
– constatent que ce n’est plus comme avant, mais qui dans le même temps préfèrent se battre contre, plutôt que de travailler pour.
Il est normal de ne pas tout maîtriser, de ne pas tout comprendre. Ce qui l’est moins, c’est de ne pas chercher à trouver les compétences dont on a besoin pour avancer. Les craintes liées aux évolutions du RSI ne sont, la plupart du temps, que le reflet des difficultés de gestion des entrepreneurs. Et face à cela, il y a des solutions, des possibilités que trop peu de chefs d’entreprise mettent en place.
(1) Les calculs sont exprimés en ordre de grandeur et n’ont pas vocation à être des référentiels économiques.