Le point mort est un des indicateurs comptables clés pour la gestion d’une entreprise. Il permet de savoir à quel niveau d’activité les charges de production sont couvertes. On peut donc en déduire la date à partir de laquelle l’entreprise dégage un bénéfice, où elle devient rentable. Le calcul du point mort est aussi un outil utile dans le cadre d’un prévisionnel lors de la création ou de la vente d’une société.
Pour aller plus loin, nous allons d’abord préciser la définition avant de voir ce qu’est le seuil de rentabilité (le montant où tout bascule) et enfin calculer, grâce à ce dernier, le fameux point mort.
Définition du point mort
Dans la vie de l’entreprise, en résumant, il y a de l’argent qui rentre et de l’argent qui sort. Le propre du business étant que le montant du premier couvre le montant second – que les coûts de l’activité soient, au minimum, égaux aux profits engendrés. Puis les dépassent pour être rentable et dégager un profit. Lorsque le résultat est nul, que l’équilibre entre charges et produits est présent, l’entreprise atteint le seuil de rentabilité. Pour certains experts de la comptabilité, la définition du point mort et celle du seuil de rentabilité se confondent, d’autres vont plus loin et déduisent du seuil la date précise où la bascule intervient.
Dans ce cas, le point mort est le jour (et donc la date) dans l’année où produits et charges vont s’équilibrer. Ce jour-là, le chiffre d’affaires couvre les dépenses. À partir de cette date, l’entreprise commence à faire un bénéfice, elle atteint le fameux seuil de rentabilité sur lequel nous reviendrons plus bas, lors de l’explication du calcul du point mort.
Comme beaucoup d’indicateurs issus des données comptables des entreprises, le point mort est une estimation, un prévisionnel. Il sert à obtenir une vision de l’année à venir, pourtant il faut éviter de prendre son résultat au pied de la lettre : la vie d’une entreprise est loin d’être un fleuve tranquille où charges, dépenses et ventes suivent des courbes bien précises.
Dans le calcul du seuil de rentabilité, on peut voir l’importance du montant des charges variables : ce sont elles qui peuvent impacter fortement le point mort. Ces dépenses peuvent être difficiles à évaluer sur une année, notamment dans le cas d’une création d’entreprise. Et on peut rarement compter sur les charges variables pour être… fixes.
Ainsi, il ne faut pas prendre en compte la date précise mais plutôt sa place dans l’année.
Si une entreprise doit atteindre le point mort en fin d’année, on comprend bien qu’elle n’est pas viable : il ne lui restera que quelques jours pour réaliser, enfin, un bénéfice. De plus, au moindre souci de fournisseurs, de montée des prix des matières premières, etc, sa vie même sera en jeu.
Si au contraire, le seuil de rentabilité apparaît en milieu d’année, l’entreprise est bénéficiaire relativement rapidement et surtout peut faire face aux imprévus, le recul du point mort de quelques jours ou même d’un ou deux mois ne la met pas en péril.
Le calcul du point mort : directement issu du seuil de rentabilité
Le point mort dérive d’un des indicateurs incontournables pour piloter son entreprise : le seuil de rentabilité.
Ce résultat représente, en euros, le niveau de chiffre d’affaires à atteindre pour arriver à l’équilibre.
Il faut éplucher son compte de résultat, son bilan comptable, ses factures, etc, pour pouvoir chiffrer trois données essentielles : les charges fixes, les charges variables et le chiffre d’affaires.
Le total des charges fixes n’est pas en relation directe avec l’activité de l’entreprise, que celle-ci fasse de bonnes ventes, produisent plus, ne trouve plus de clients, etc. Rien de tout cela n’impacte les charges fixes. Elles sont dès lors assez faciles à calculer : loyer, emprunts, salaires, assurance, charges sociales patronales, etc.
Le chiffre d’affaires est aussi une donnée facile à appréhender, y compris en amont de la création de l’entreprise. C’est la somme des ventes sur une année de prestations ou de produits. Le calcul de base est le produit entre le nombre de biens vendus et leur prix.
Les charges variables sont le point d’achoppement de ce type d’indicateurs. Comme leur nom l’indique, elles fluctuent selon l’activité même de l’entreprise. Plus l’activité de l’entreprise est importante, plus elles vont augmenter : achat de matières premières, consommation d’énergies pour la transformation, sous-traitance, intéressement des vendeurs, etc. De même, il suffit d’une pénurie de matériaux pour que le volet comptable d’achats de produits explose.
Cette variabilité va impacter bien sûr le seuil de rentabilité et donc le point mort.
Calcul du seuil de rentabilité :
Il existe plusieurs moyens, selon les données comptables à disposition, pour calculer le seuil.
La méthode la plus simple est d’additionner simplement l’ensemble des charges, la formule est simple :
SR = CV+ CF.
Le montant en euros est bien l’ensemble des coûts à payer sur une année pour que vive l’entreprise. Il suffit que le chiffre d’affaires dépasse ce montant financier pour être rentable.
Une autre méthode similaire, lorsque le chiffre d’affaires est inclus dans les données comptables à disposition, est de lui soustraire les charges variables. Dans ce cas, nous avons le montant de la marge à réaliser sur les coûts variables. Il suffit que cette marge soit égale aux charges fixes pour atteindre l’équilibre.
Pour aller plus loin, on peut aussi le calculer depuis le taux de marge (TM) sur coût variable, si l’on connaît le chiffre d’affaires, avec la formule suivante :
SR = CF/TMCV.
Le taux de marge sur coûts variables représente le ratio de rentabilité d’un produit, d’une entreprise, etc, il est exprimé en pourcentage.
Dans ce cas, le seuil de rentabilité sera égal à la division des charges fixes par le taux de marge sur coût variable.
Le résultat en euros donne le chiffre d’affaires à réaliser pour enfin faire des bénéfices. Le calcul du point mort est donc assez simple.
Suivant l’activité, il peut être décliné en quantité de produits à vendre, il permet aussi de réfléchir au prix de vente des produits, aux coûts des charges fixes, etc.
Calcul de la date du point mort
Grâce à ce chiffre, nous pouvons déduire à partir de quelle date l’entreprise aura atteint l’équilibre. Nous allons diviser le seuil de rentabilité par le chiffre d’affaires, et diviser le tout par 365.
Le chiffre correspondra à la place du jour dans l’année : 161 par exemple correspond au 161e jour de l’année, soit pour 2021 le 10 juin (il existe des tableaux de conversion en ligne pour préciser la date). Au bout de 161 jours, l’activité de l’entreprise commence à être lucrative.
À partir du 10 juin, ou aux environs de cette date, l’entreprise aura atteint l’équilibre (un résultat nul) et réalisera du profit. Cette date en milieu d’année est plutôt très intéressante pour l’entreprise qui pourra non seulement faire des bénéfices relativement rapidement, mais aussi aura de la marge si des soucis surviennent.
En fait, le point mort adéquat à l’activité peut bien sûr considérablement varier suivant les entreprises. Cependant, vous le voyez, le calculer précisément est un atout dans la manche d’un entrepreneur, que ce soit pour le pilotage au quotidien, le lancement d’un projet ou la reprise d’une société.
Néanmoins, il est indispensable, pour que l’indicateur soit précis, de bien éplucher les documents comptables : bilan, plan, prix de vente, coût des produits, etc. Si vous pensez ne pas être assez expert au niveau comptable et financier, faites appel à un professionnel de la comptabilité.