Comment bien maîtriser sa gestion de trésorerie ?

  1. Accueil
  2. Actualité
  3. Comment bien maîtriser sa gestion de trésorerie ?

Publié le 15 février 2022

Souvent obnubilé par l’activité de sa société, le chef d’entreprise ne gère la trésorerie qu’en suivant le compte courant professionnel. Or, la notion de trésorerie est plus compliquée que le simple argent en banque et sa maîtrise peut s’avérer gagnante à plus d’un titre. Penchons-nous sur une définition plus complexe de cette fameuse trésorerie et sur les moyens de la gérer de façon optimale.

La trésorerie ou les liquidités d’une entreprise font partie des indicateurs-clés pour connaître son adéquation avec son secteur d’activité, sa réussite.

Or, ce n’est pas parce que le compte en banque de l’entreprise est bien fourni que tout va bien. Il faut aller un peu plus dans le détail pour avoir une vraie vision de ce poste financier.

La trésorerie d’entreprise : une définition plus complexe.

Si pour les TPE, la trésorerie est directement visible en examinant le compte courant, il n’en est pas de même pour les entreprises plus conséquentes.

Le chiffre du compte en banque n’intègre ni :

– ce que vous devez : fournisseurs, salaires, impôts, etc.

– ce qu’on vous doit : paiement des clients à 30 jours, subventions, etc.

De plus, ce compte courant ne reflète pas non plus la richesse de l’entreprise ou la totalité des liquidités. Vous pouvez avoir plusieurs comptes courants ou rémunérés, des avoirs, des obligations, etc.

Bref, la trésorerie est la ressource financière totale disponible pour faire face au cycle d’exploitation : le cœur de votre activité.

La trésorerie est un indicateur bien défini, à ne pas confondre avec la rentabilité, le bénéfice ou le chiffres d’affaires.

Le chiffre d’affaires correspond au volume du revenu de l’activité sur une période donnée. Il indique, hors TVA, le volume de biens ou de services que vous avez vendu. Une entreprise peut avoir un bon chiffre d’affaires et peu de trésorerie ou l’inverse, tout dépend surtout si vous payez les fournisseurs avant de faire payer les clients, ou l’inverse.

Le bénéfice est calculé en enlevant les charges du chiffre d’affaires. Là non plus les charges ne se limitent pas à l’argent qui sort de votre compte, en majorité à cause de l’amortissement de biens durables. Si le bénéfice est un outil comptable important, notamment pour calculer les impôts, son apport n’est pas très stratégique pour une gestion courante de l’entreprise.

La trésorerie représente les disponibilités financières et les valeurs mobilières auxquelles on retire les concours bancaires : crédits, facilités de paiement, etc. C’est avec elle que vous pourrez payer les salaires, les fournisseurs, les loyers, etc.

Le flux de trésorerie, lui, est l’un des indicateurs les plus importants et puissants pour tout manager. Il inclut les encaissements et décaissements : on touche ici du doigt la réalité de votre activité.

Au niveau comptable, sa définition est très précise :
Trésorerie = fonds de roulement (FR) – besoin en fonds de roulement (BFR).

Le fonds de roulement est calculé en ôtant les actifs immobilisés des capitaux. Le besoin en fonds de roulement est tout simplement l’argent dont dispose l’entreprise pour couvrir sa production, il intègre donc les décalages des flux financiers.

Tout dirigeant d’entreprise doit s’assurer constamment de la pertinence de son besoin en fonds de roulement. Le BFR doit toujours être inférieur au FR, c’est la base d’une bonne gestion d’entreprise. 

 

Gestion de la trésorerie : comment éviter les soucis

On l’aura compris, mettre en place un suivi régulier voire quotidien de la trésorerie est indispensable. C’est d’ailleurs un des indicateurs-clés du tableau de bord de gestion des directions, avec le besoin en fonds de roulement.

Or, il ne faut pas se contenter de regarder ce fameux chiffre mais bien analyser les tenants et aboutissants. Car la trésorerie est sous la menace de bien des variations : réduction des ventes, stock en hausse, réductions des marges, embauches, etc.

Néanmoins, avoir une trésorerie dite « passive » (soit inférieure à zéro) n’est pas forcément problématique, à condition que ce soit passager. Il suffit d’un changement de fournisseur (et donc de délais de paiement), d’un investissement humain, d’un imprévu ou d’un surstockage.

Le souci arrive quand le problème persiste. La principale cause provient du décalage entre entrées et sorties financières, entre gestion des impayés et délai des fournisseurs. Ce type de manque peut être résorbé assez rapidement.
Là où ça devient très inquiétant, c’est quand les frais de fonctionnement sont trop élevés ou les marges sur les ventes trop faibles. À ce moment là, l’est le futur de l’entreprise qui est en jeu.

Voyons comment éviter le pire : une trésorerie passive qui dure, qui conduit à la cessation de paiement puis à la liquidation judiciaire.
Une seule solution : l’anticipation !

Maîtriser les dépenses et recouvrer les créances rapidement

C’est la base d’une bonne trésorerie, vous devez à tout prix :

– négocier avec vos fournisseurs les délais de paiement les plus longs possibles,

– veiller à ce que les clients vous payent le plus rapidement possible.

Tout cela bien sûr en restant commercial… jusqu’à un certain point.
Votre facture et vos conditions générales de vente prévoient des sanctions si le délai de paiement est dépassé. Restez correct et privilégiez le règlement à l’amiable. Cependant, après une ou deux relances, l’heure n’est plus à la négociation : le risque est réel. Pénalités de retard, mise en demeure, poursuites, même si ces situations sont délicates, n’hésitez pas.

Attention : rester vigilant sur la trésorerie ne vous empêche pas de proposer à vos clients principaux des facilités d’achat.

En complément, vous pouvez inciter vos clients à payer comptant, vous pouvez établir un escompte commercial : le client paye avant l’échéance de la facture contre un geste sur le prix.

Au sujet des fournisseurs, le mieux est de négocier des paiements différés qui vous permettent d’écouler la marchandise avant de payer les fournitures. L’achat de fournitures et matières premières impacte fortement sur votre budget et donc sur votre trésorerie. Le suivi des différents délais alourdit votre plan de trésorerie prévisionnel : les dates sont décalées, à vous de bien les différencier et de payer en temps et en heure. Le mieux est de centraliser les achats sur un service ou un employé, concentré sur la réduction des coûts et de dépenses superflues. 
Même s’il n’est pas évident de changer de fournisseur, comparez toujours avec la concurrence. Cela peut vous aider à faire baisser sensiblement vos factures.

Clients et/ou fournisseurs sont ainsi la base d’une bonne trésorerie, dorlotez-les !
Si vous avez de bonnes relations, vous pourrez demander un allongement des délais de paiement, par exemple.

Quant aux clients, le mieux est de les choisir pour éviter les impayés.

Gérer sa production : diminution des stocks, de la sous- ou sur- production

La définition même de la trésorerie inclut l’impact des stocks et de la production. Optimiser ces deux leviers demande un pilotage minutieux, une attention de tous les instants. Les méthodes de gestion de stocks varient suivant les besoins, il vous faudra être très attentif ; le stock est aussi un des indicateurs-clés du tableau de bord de pilotage.

Bien entendu, une gestion correcte de la chaîne de fabrication est indispensable. Trop de produits ou pas assez conduit forcément à des soucis de trésorerie. Réduire le flux de production, c’est satisfaire le client et encaisser tout de suite les paiements.

Profitez de l’embellie pour anticiper

La vie d’une entreprise est loin d’être un fleuve tranquille. Anticiper doit être le maître-mot d’un dirigeant. Ainsi, lorsque tout va bien, que tous les voyants de votre tableau de bord sont au vert, c’est le moment d’aller voir les établissements financiers. Vous pourrez, en position de force, négocier des délais de paiement, des crédits aux taux avantageux, des découverts si un souci survient.

Trésorerie : prévoir avant tout !

Pour bien gérer sa trésorerie, il faut souvent jongler avec les délais de paiement et de rentrées d’argent : frais bancaires et salaires tous les mois, TVA annuelle ou semestrielle, gros fournisseurs qui veulent se faire payer à la livraison quand d’autres vous font des facilités, etc. Pour un suivi et des prévisions qui vous permettent de vous projeter, il faut tout d’abord intégrer toutes ces variantes dans vos calculs. Vous pouvez vous faire aider de votre expert comptable pour obtenir toutes les informations.

Suivi de trésorerie

Le tableau de suivi de trésorerie, appelé aussi plan de trésorerie, présente les flux entrants et sortants sur une période définie, souvent 6 mois ou un an. Si le principe est simple (d’un côté les encaissements, de l’autre les décaissements), le remplir et le maintenir à jour chaque semaine peut paraître fastidieux. Il ne faut surtout oublier aucun poste et être précis sur les montants. Chaque mois, il suffit de soustraire les dépenses aux recettes pour connaître la trésorerie disponible.

Ce tableau est un outil de pilotage d’entreprise important : vous pouvez connaître le solde des mois à venir…. Et donc anticiper, peaufiner vos prévisions à court terme. Si une baisse de trésorerie apparaît, le chef d’entreprise peut agir en conséquence en amont, suivant la source du déficit. Mais ce tableau est aussi un atout lorsqu’on veut investit : un solde positif prévu dans deux mois assure un investissement pour les achats.

Le budget de trésorerie prévisionnel

Le budget de trésorerie prévisionnel est un outil comptable plus sophistiqué, souvent établi lors de la création d’une entreprise ou du développement d’un projet, d’une activité. Son analyse alimente le budget général. Les encaissements, décaissements et le budget de TVA sont classés par catégorie pour, au final, venir compléter le tableau de budget de trésorerie sur la période prévisionnelle.

Avec cet outil, le dirigeant d’entreprise peut anticiper finement les rentrées ou sorties d’argent sur le moyen et long terme et optimiser la rentabilité de son activité.

Faire face aux problèmes

Les soucis financiers s’accumulent ; les prévisions ne sont pas bonnes et vous voyez la courbe de votre trésorerie descendre petit-à-petit. C’est le moment d’agir.

Tout d’abord, reprenez les conseils ci-dessus pour la gestion des stocks, des process, des clients et des fournisseurs.
Ensuite, il faut chercher quelle solution peut, en un court laps de temps, renflouer votre trésorerie ; voici quelques pistes des réflexions.

Recouvrez vos créances

La formation d’un souci de trésorerie vient souvent d’un manque d’encaissements. Comme dit plus haut, récupérer l’argent dû est déjà un moyen de redresser sa trésorerie. Si vous vous demandez comment récupérer rapidement ce qu’on vous doit, vous pouvez faire appel à un expert en la matière : une société d’affacturage. Vos créances commerciales vont être récupérées par un établissement de crédit spécialisé. La société d’affacturage va vous payer ce qu’on vous doit moins une commission, à charge pour elle de récupérer les créances auprès des clients.

Augmentation des prix

C’est un des leviers efficaces pour redresser sa trésorerie : une augmentation des prix de vos biens et services impacte directement votre BFR. Attention cependant, tout augmentation de prix doit être mûrement réfléchie en amont, au risque de perdre sa clientèle.

Augmentation des ventes

Il est peut-être temps de lancer une campagne de marketing ou de nouveaux canaux de distribution pour vos marchandises. À l’heure du tout numérique, booster ces ventes en ligne, par exemple, peut sembler une solution : inbound marketing, boutiques virtuelles, etc.

Le financement de ces opérations doit bien sûr être inclus dans le budget prévisionnel.

Recherche d’un financement bancaire

C’est un peu la solution de facilité pour renflouer sa trésorerie, mais elle peut faire passer une période creuse à votre entreprise : demander une aide financière à votre banque. L’une des solutions est de souscrire à un crédit, il faudra bien sûr montrer toutes les garanties et les perspectives de business : bilan comptable, plan prévisionnel, maîtrise du marché, etc.

L’autre solution est de négocier avec les établissements financiers un découvert.

Dans les deux cas, les intérêts doivent évidemment figurer sur votre prévisionnel et votre suivi de trésorerie.

Limitez les dépenses

Faire le gros dos pendant un certain temps peut être une solution. Réduire les dépenses et adopter une logique frugale ne doit surtout pas influer sur la qualité de vos produits, de vos prestations. Cela peut aller d’une numérisation des documents à un changement de fournisseur d’énergie.
Si vous devez acquérir des biens immobiliers, machines, véhicules, bureaux, pour redresser votre entreprise, orientez-vous vers la location longue durée.

 

En conclusion, la trésorerie est vraiment le nerf de la guerre. Elle doit être présente en bonne et due forme sur le tableau de bord de tout chef d’entreprise, pour obtenir une vision à court, moyen et long terme de la santé de sa société, de la pertinence de ses choix stratégiques.

Lire aussi